L'Union des Jeunes Agriculteurs de Koyli-Wirnde dans le nord du Sénégal.

La mise en place d'une dynamique sociale paysanne, responsable et autonome

La région riveraine du fleuve Sénégal est sous climat sahélien Dès les années 70, le gouvernement sénégalais y a introduit la culture irriguée , afin de permettre aux riverains de bénéficier de la proximité du fleuve Sénégal et de développer ainsi l'agriculture en zone sahélienne. Pour encourager cette activité, l'Etat avait mis en place les coopératives agricoles permettant aux paysans de bénéficier de l'approvisionnement en intrants, de l'encadrement technique dans le processus de production (formation-conseil) et de la commercialisation.

Dans les années 80, les institutions monétaires internationales (FMI et Banque Mondiale ) ont initié au Sénégal ( et dans la plupart des pays d'Afrique Subsaharienne ) les programmes d'ajustement structurel en vue d'aider les jeunes Etats à assainir et contrôler les finances publiques .Il en est résulté un désengagement de l'Etat sénégalais vis-à-vis de tous ses domaines d'intervention: éducation, santé, agriculture..

A Koyli-wirnde, le désengagement de l'Etat, même s'il s'est opéré de façon brusque, a plutôt impulsé une prise de conscience de la part des organisations paysannes ,qui de ce fait ont mis en commun ressources humaines, matérielles, et même culturelles en vue de créer l'UJAK pour se mettre au service des paysans face aux lacunes de l'Etat. Les acteurs mis à contribution pour cet ambitieux projet étaient: les élites extérieures, les paysans eux-mêmes et les ONGs locales.

A sa création , les promoteurs de l'UJAK lui assignèrent pour principal objectif ,la création d'un cadre de concertation entre les organisations paysannes opérant avec continuité dans la localité de Koyli-Wirnde , ceci pour prendre progressivement en le développement de la localité , en dépit du désengagement de l'Etat . Concrètement, il s'agissait pour ce regroupement de pouvoir se construire une identité, se positionner sur le plan économique et politique : " Dire qui nous sommes, ce que nous voulons faire, et comment nous voulons le faire".

Pour plus d'efficacité, la mise en ouvre de cette association s'est déroulée en deux phases ( tant en interne qu'en externe).

Sur le plan interne, il a fallu aux promoteurs dans un premier temps, agir au niveau local en impulsant le regroupement des différents groupes de paysans en vue de valoriser le métier de paysan , et de leur faire comprendre le rôle social et économique qu'il joue dans la société sénégalaise. Ensuite il leur a fallu regrouper les ressources humaines , financières et intellectuelles ceci pour assurer sur le plan financier le démarrage effectif de l'UJAK qui regroupe à ce jour près de 22 organisations paysannes .

Sur le plan externe, le mouvement a établi des partenariats avec d'autres ONGs afin de les aider sur plusieurs plans :

Sur le plan culturel, la Fédération des associations du Fouta pour le Développement (FAFD)-qui est un mouvement qui ouvre dans la promotion de l'héritage culturel , comme facteur important de développement - , leur a permis d'alphabétiser des adhérents de l'UJAK en langue locale , ce qui pour nous représente une expérience intéressante dans la mesure où le processus d'apprentissage chez un individu réussit le plus souvent quand il peut établir des correspondances avec son vécu ,son langagier .

Sur le plan technique, l'UJAK a développé des relations avec la FONGS ( la Fédération des Ongs ) sur le plan local en vue de modules de formations en gestion des projets, action et sensibilisation et en lobbying.

Avec les autorités administratives , l'UJAK a été mise à contribution dans le processus de résolution de la question foncière en milieu rural , et même qu'en 1990, elle co-organisé au sein de sa circonscription administrative, un forum sur "le rôle et le positionnement des organisations paysannes par rapport au problème foncier".

Les résultats atteints par l'UJAK se mesurent en termes d'acquisition des compétences dans les techniques de cultures, la maîtrise et observation des différentes filières de distribution et de commercialisation des produits agricoles. On assiste par ailleurs , à l'émergence de leaders au sein du mouvement ,ce qui contribue à mieux asseoir sa crédibilité.

Les difficultés quant à elles se résument à la difficulté pour l'UJAK de parvenir à satisfaire les attentes de ses différents partenaires que sont :

Les adhérents ( en ce qui concerne la distribution des intrants et des crédits )

Les partenaires extérieurs ( en ce qui concerne l'adéquation de leurs programmes aux réalités locales auxquelles ils veulent s'appliquer)

Et enfin, le problème de la gestion des organisations membres de l'UJAK se pose dans la mesure où , le nombre des organisations va grandissant et les gérer demande de plus grands efforts aux promoteurs du mouvement .

Dans l'optique de pallier tous ces problèmes l'UJAK procède depuis peu à la systématisation du renforcement des capacités et à une certaine décentralisation en vue d'optimiser la dynamique de développement rural responsable et autonome.

A la suite de ses différentes réalisations , l'UJAK est devenu non seulement un interlocuteur pertinent auprès des autorités administratives qui lui ont de ce fait confié l'élaboration du plan de développement local ( dans le cadre du VI ieme FED )de la commune rural de Guédé dont elle dépend .

Commentaires

En général, il m'a semblé que l'UJAK ait atteint ses objectifs comme la mise en place d'une dynamique paysanne forte et indépendante ,mais l'union gagnerait à prendre en compte les acteurs émergents que sont : les associations de consommateurs , syndicats et la société civile, les médias, en vue d'avoir une vision plus élargie de la cause paysanne.

Notes

Entretien réalisé lors de la Rencontre Mondiale Paysanne à Yaoundé 6 au 11 mai 2002 AU Cameroun

Gouvernance légitime
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