Gouvernance foncière et accès à l’habitat au Burkina

Seydou Traoré président de l’association MSP/DROL évoque l’intervention de sa structure dans le conflit ayant opposé des jeunes de Saponé aux autorités administratives et communales. Cette situation est née de ce que les autorités communales ont octroyé des terres « sans suivre la procédure » à une société immobilière pour ériger une cité.

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Gouvernance foncière et crises sociales :la problématique de l’accès à l’habitat (propos de Seydou TRAORE, secrétaire général du Mouvement solidarité pour le droit au logement-MSPDROL)

Présentation du sujet

M. Seydou Traoré est le secrétaire général du Mouvement solidarité pour le droit au logement (MSPDROL). Il capitalise une vingtaine d’années d’expérience dans le mouvement associatif, surtout celui centré sur le droit au logement. Son engagement auprès des populations victimes des spoliations lui a valu des lauriers, mais aussi beaucoup de soucis. Il a fait la prison et connu des brimades.

M. Traoré a, par le passé, milité également dans des partis politiques, d’obédience sankariste. Il croit aux valeurs défendues par le président Thomas Sankara au prix de sa vie. La révolution portée par ce dernier s’était beaucoup investi pour donner aux Burkinabè des habitats décents. Le combat de M. Traoré serait alors le prolongement des actions initiées sous cette période. Mais ces dernières années, il a pris du recul avec le militantisme actif dans les partis politiques. Il se consacre entièrement à son association qui est beaucoup sollicitée de part et d’autre du Burkina.

Le Mouvement de solidarité pour le droit au logement (MSPDROL) a été saisi du problème de la cité relais de Saponé en 2013. Ce sont des jeunes organisés en Collectif qui l’ont approché parce qu’ils ont déjà entendu parler de ses actions en faveur des populations victimes des spoliations. Le premier responsable du MSPDROL est en effet très sollicité par les médias autour de cette question. Dans un premier temps, le mouvement a entamé des démarches auprès des autorités concernées par le projet (maire de Saponé, direction de l’urbanisme) pour comprendre le fond du problème. Mais ses démarches sont restées vaines car ces autorités ne voulaient pas le recevoir. Après plus de deux mois d’attente, le MSPDROL et le Collectif des jeunes de Saponé ont décidé de bloquer les travaux sur le site. Les engins ont été amenés à la gendarmerie locale. C’est suite à cette action que les autorités ont commencé à s’ouvrir. La direction de l’urbanisme a accepté de les rencontrer. Le haut-commissaire de la province (Bazèga) et des personnes ressources dont des élus nationaux se sont également impliqués pour calmer la situation.

Pour M. Traoré, il s’agit tout simplement d’une tentative par certaines autorités de violer les textes régissant les lotissements. Pour lui, le projet cité-relais de Saponé n’a respecté aucun principe directeur dans le domaine.

D’abord, les travaux ont commencé sans aucune plaque qui donne des informations sur le projet. Pourtant, c’est une exigence du code. Ensuite, la loi 34 a été allègrement foulée au pied. Elle fait obligation à l’autorité ou toute autre personne morale publique ou privée, de discuter au préalable avec les populations affectées par le projet avant tout démarrage des travaux. Ces discussions devraient permettre de s’entendre sur d’éventuels dédommagements en cas de retrait de champs, de déguerpissements, etc. Tout cela n’a pas été respecté selon M. Traoré.

Le blocage est surtout dû, selon lui au refus manifeste du maire de dialoguer avec ses populations. Celui-ci se serait laissé enfermer dans une confrontation. Il ne voulait surtout pas entendre parler, encore moins s’asseoir sur la même table que le premier responsable du MSPDROL, qui serait, à ses yeux, le responsable de l’arrêt des travaux du projet. Il lui en veut personnellement parce qu’il ne serait pas de la commune et « cherche à s’immiscer dans ses affaires ». Avant effectivement « l’immixtion » du MSPDROL dans l’affaire de la cité-relais, le maire semblait « maîtriser la situation ». Avec la complicité de deux chefs coutumiers, il avait réussi à vendre son projet auprès des autorités du ministère de l’Habitat et de l’urbanisme. Celles-ci ont fermé les yeux sur les manquements à la procédure. Le processus a démarré en 2011. Les choses allaient bon train malgré les protestations véhémentes de certains habitants. Avec l’implication du MSPDROL, l’affaire a pris une ampleur nationale. Les médias se sont saisis de l’affaire. Le mouvement lui-même a organisé une conférence de presse sur le site querellé. C’est après tout ce tapage médiatique que les responsables chargés de la conduite du projet au niveau du ministère ont revu leur position et demandé au maire de discuter avec le Collectif des ressortissants et habitants des villages affectés par le projet.

Après quatre mois de suspension, les travaux ont redémarré sur le site à la suite d’un accord avec le Collectif.

les autorités en charge du projet ne respectent les textes que quand il y a une pression sociale et médiatique sur elles.

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