APPROCHES INTERNATIONALES DE LA GOUVERNANCE DE LA SECURITE

Pierre-Michel JOANA, Général d’armée/ Expert Réseau EURO-ISME, Communication au Forum multi acteurs Mali

La situation actuelle du Sahel a motivé, depuis le début des années 2010 - c’est-à-dire bien avant les événements douloureux qui touchent le Mali depuis 2012 - les préoccupations de la communauté internationale. Après avoir rapidement resitué l’insécurité actuelle, je propose de décrire les raisons et les sujets de préoccupations de la communauté internationale, ainsi que les stratégies qui en découlent. Je terminerai en posant une série de questions qui pourraient servir aux travaux de ces deux journées.

Le Sahel est actuellement l’objet de la troisième vague d’insécurité qui touche l’Afrique de l’Ouest depuis les indépendances .

La première vague a consisté en guerres civiles et conflits armés internes, au Libéria (1989), en Sierra Leone (1997), en Guinée-Bissau (1998) et en Côte d’Ivoire (2002). Elle a considérablement déstabilisé toute la sous-région en l’ouvrant aux nombreux trafics d’armes et d’autres matières illicites.

La seconde vague d’insécurité est en quelque sorte la résultante de la première. Elle est due à l’échec des processus de désarmement, de démobilisation, de réhabilitation et de réinsertion des ex-combattants, ainsi qu’à une mauvaise, ou du moins une insuffisante, conception et mise en œuvre des processus de réforme des systèmes de sécurité (RSS) dans certains pays, en particulier ceux de l’Union du fleuve Mano . Cette seconde vague a alimenté la déstabilisation des pays situés plus au nord (Mauritanie, Mali, Niger), par le biais des trafics générateurs de revenus considérables permettant de financer beaucoup d’activités subversives et d’actes de corruption.

La troisième vague qui nous intéresse aujourd’hui, s’est manifestée par un nouvel affaiblissement des dispositifs de gouvernance de la sécurité et l’incapacité, ou au moins les grandes difficultés des institutions chargées de la sécurité des États à étendre leur contrôle à de vastes étendues de territoire, éloignées des centres d‘administration, notamment les terrains arides ou désertiques, qui constituent l’essentiel du Sahel. L’effondrement du régime du Colonel Kadhafi, et l’évaporation dans la région d’une importante quantité d’armements, ainsi que le retour au pays des contractuels étrangers ayant servi dans l’armée libyenne, ont fini par déstabiliser la région.

S’agissant plus particulièrement du Mali, l’installation de groupes islamistes radicaux depuis plusieurs années dans les parties mal contrôlées du Nord du pays, combinée au déclenchement d’une nouvelle rébellion et à un coup d’état militaire, qui s’est traduit par le renversement du pouvoir politique, ont donné le résultat que l’on sait. Une intervention militaire, initialement africaine, puis française, puis onusienne a donc été nécessaire. Au Nigeria, les activités des groupes Boko Haram et Ansaru, que l’on a cru limitées aux Etats du Nord du pays, présentent désormais des risques de prolifération dans les pays voisins, en particulier au Cameroun, sur un plan directement militaire, mais également au Niger et au Tchad. C’est désormais toute la région Sahélienne qui fait l’objet des préoccupations de la communauté internationale.

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